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La Laine

La Laine, 2e partie : Les transformations de la laine

Une chronique de Patricia de Homelaine.fr

Les transformations de la laine

1) la Tonte
De nos jours, la tonte s’effectue préférentiellement à l’aide d’une tondeuse électrique. On arrive à tondre un mouton en moins de trois minutes. La toison coupée se tient d’une seule pièce, grâce à l’enchevêtrement serré des fibres.

En moyenne, un tondeur de moutons professionnel tond 100 à 150 moutons par jour et certains champions australiens atteignent jusqu’à 300 moutons.

Cette opération a lieu au printemps, en général une fois par an. Il arrive que l’on puisse effectuer deux tontes dans l’année, car dans les premiers mois, la laine pousse particulièrement vite.

À la ferme, les différentes parties de la toison sont classées en lots suivant leur qualité. En effet, un nombre important de corps étrangers et d’impuretés se retrouvent dans la toison (dont la laine représente entre 2 et 8 kg) et peuvent représenter jusqu’aux deux tiers du poids de celle-ci. Ces impuretés sont principalement le suint, de la graisse, de la terre, du sable, de la paille, des graines disséminées par zoochorie et des chardons.

Les toisons sont ensuite pliées et roulées en balles (de 170 kg en moyenne) avant d’être acheminées vers les centres de vente, puis vers les usines textiles. Cinq millions de balles de laine partent ainsi chaque année d’Australie vers les pays transformateurs situés en Europe, en Amérique et surtout en Asie.

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2) Lavage
Naturellement grasses, les toisons retiennent poussières et débris végétaux. Aussi cette laine, dite laine brute, doit-elle être lavée et séchée. Il y a cinq phases :

1. le trempage (pour enlever le maximum de terre) ;
2. le dégraissage (récupération de la suintine) ;
3. le lavage ;
4. le rinçage ;
5. puis vient la phase de sèche
La graisse, ou suint, est récupérée et raffinée, pour être utilisée en pharmacie et dans la fabrication des produits de beauté sous le nom de lanoline. Toutefois, toute la matière grasse n’est pas enlevée. Une infime partie est laissée sur la fibre, sinon elle serait impossible à travailler (laine décreusée d’où électricité statique et problèmes en carderie).

3) Cardage
Dans cette opération, il s’agit de démêler la laine. Elle est d’abord ensimée, c’est-à-dire imprégnée d’une émulsion destinée à faciliter le démêlage ; puis elle passe dans la carde : des tambours garnis de très fines pointes d’acier, tournant à grande vitesse, divisent et parallélisent les fibres de laine et retiennent les impuretés végétales qui ont pu rester.

Suivant l’usage final auquel la laine est destinée, elle suivra, à partir du cardage et jusqu’à la transformation en fil, l’un ou l’autre cycle suivants :

le cycle peigné, suivi de préférence par les laines fines. Elles sortent de la carde sous forme de ruban continu, souple et homogène, dit ruban de carde. Le ruban subira l’opération de peignage avant d’être transformé en fil. La laine peignée donnera des tissus et des tricots d’aspect sec et fin ;
le cycle cardé, suivi par les laines de plus gros diamètre de fibre. Elles sortent de la carde sous forme de mèches fines qui seront directement transformées en fil. La laine cardée donnera des tissus et des tricots d’aspect plus rustique.

Le mot cardage dérive de chardon, plante hérissée de piquants qui pousse le long des chemins. Dans ses déplacements, il n’est pas rare qu’un troupeau de moutons se frotte contre des chardons et y accroche quelques flocons de laine.

Les pâtres d’autrefois frottaient les toisons avec des bouquets de chardons pour obtenir une laine plus souple et propre. Et les premières « cardeuses » industrielles étaient équipées de chardons. Ce procédé était encore utilisé il y a quelques années pour le cardage de certaines laines fragiles (mohair).

4) Défeutrage

Les fibres composant le ruban à la sortie de la carde ne sont pas rigoureusement alignées ; certaines sont encore emmêlées : aussi dit-on qu’elles feutrent. Avant de peigner ce ruban, il faut le défeutrer, c’est-à-dire le régulariser, le paralléliser et en redresser les fibres. On procède par trois passages successifs sur des machines qui assument le doublage et l’étirage des rubans. Cette partie s’appelle aussi la préparation c’est une préparation de sorte à mettre le ruban aux normes (poids pour la mise sur peigneuse).

5) Peignage

Cette opération complète et parfait le cardage des laines passant par le cycle peigné. Le peignage vise principalement à éliminer les fibres très courtes, appelées blousses, et les dernières petites impuretés qui subsistent encore. Pour ce faire, le ruban de carde passe au travers d’une succession de peignes de plus en plus fins. Comme le cardage, le peignage fournit une matière première pour la filature, sous forme de rubans de peigné.

6) Le filage

Les mèches fines de carde et les rubans de peigné sont transformés en fils. L’opération consiste en étirages successifs par les métiers à filer, qui vont amener progressivement la mèche ou le ruban primitifs à une grosseur qui pourra être 400 fois moindre. Le fil subira également une torsion et sera le plus souvent retordu avec un ou plusieurs autres fils, afin de le rendre plus solide et surtout plus régulier. Le fil de laine obtenu est fin, assez élastique, résistant, surtout s’il est retors. L’aspect du fil de laine cardée est plus poilu et irrégulier que le fil de laine peignée, lui-même beaucoup plus lisse car ses fibres sont couchées et fines.

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Le filage peut aussi se faire de manière artisanale, à la main, à l’aide d’un fuseau ou d’un rouet.

7) Teinture

Une fois propre, la laine de mouton est naturellement blanche et écrue. La teinture peut être réalisée à différents stades de la transformation suivant la technique utilisée : soit après le lavage, soit sur rubans avant la filature, soit encore au stade du fil ou après le tissage ou le tricotage.

L’opération s’effectue dans de grands récipients contenant une solution colorante maintenue bouillante. La laine y est plongée et remuée pendant un certain temps avant d’être rincée, essorée et mise à sécher.

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Quelques chiffres : Les pays producteurs de laine

L’Australie, deuxième production mondiale (90% de la laine australienne est exportée, dont 80% en Chine), en fournit le cinquième avec 360.000 tonnes par an et un CA de 700 millions $, derrière la Chine. La Nouvelle-Zélande, l’Iran, l’Argentine et le Royaume-Uni ont produit chacun plus de 50 000 tonnes en 2005.(1) La laine de mérinos australienne est très prisée pour sa finesse et son élasticité qui sont très appréciées par l’industrie textile. Les Etats-Unis produisent 5.000 tonnes de laine .

Les exportations de laine (laine en suint plus laine dégraissée) se montent à quelque 800 000 tonnes. La majeure partie de la production est importée par des pays qui la réexportent sous forme de produits manufacturés.

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Anecdote :
Les noces de laine symbolisent les 7 ans de mariage dans le folklore français.

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A suivre le mois prochain : QUELLE EST LA COMPOSITION DE LA LAINE A TRICOTER ?

(Sources utilisées: histoiretricot.canalblog.com, fr.wikipedia.org, tetenlaine.eklablog.com, planetoscope.com)

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